

Collection Du Crest
Le peintre René Guinand
Originaire de Neuchâtel, l’artiste, qui est arrivé à Genève très jeune déjà, devient rapidement l’un des plus importants représentants de la peinture de paysage de sa génération. Il est reconnu pour sa palette aux couleurs froides, notamment ses nuances d’argent et de beige, qui le distinguent de ses contemporains.
Né à La Chaux-de-Fonds en 1892, Guinand s’installe avec ses parents à Genève alors qu’il n’est âgé que de quatre ans. Après avoir suivi sa scolarité obligatoire, il apprend le métier de bijoutier, mais dès 1916, le jeune homme décide de se consacrer pleinement à la peinture. Il fréquente dès lors les cours libres de l’École des beaux-arts et débute sa carrière aux côtés de Louis Salzmann. Très vite, il se démarque de ses pairs et reçoit plusieurs bourses fédérales ainsi que des distinctions importantes comme le prix Diday, en 1922 et un prix Calame, à trois reprises, en 1917, 1927 et 1931.
Sa formation terminée, Guinand devient à son tour professeur de dessin, enseignant le croquis et l’académie à l’École normale de dessin dès 1944, aux côtés de figures telles que Valentine Métein- Gilliard, Marcel Feuillat et Gabriel Haberjahn. Par la suite, il enseigne également à l’École des beaux- arts, succédant à Alexandre Blanchet, en tant que professeur de figure et de paysage.
Très actif, Guinand participe à de nombreuses expositions collectives en Suisse, en Italie (notamment à la Biennale de Venise en 1936), aux États-Unis et même au Japon. Il présente aussi ses œuvres personnelles au Musée des beaux-arts de Neuchâtel en 1944, au Musée Rath en 1963, ainsi que dans plusieurs galeries de la région romande.
Connu principalement pour ses peintures de paysages, René Guinand témoigne de l’évolution de la campagne genevoise face à l’urbanisation croissante. Il peint aussi bien dans la Vieille-Ville que dans divers quartiers de Genève. Il n’est pas rare de le voir, pinceau à la main, œuvrer à Cologny, Onex, Confignon ou Avusy, sans oublier bien sûr la rade, le petit lac et les rives du Léman. Son inspiration le mène également à l’étranger, notamment en Provence et en Italie. Il utilise principalement des nuances de brun pour ses paysages, et est même considéré comme « le maître des grisailles », comme le souligne une critique dans la Feuille d’Avis de Neuchâtel lors d’une exposition que lui consacre, en 1946, la Galerie Orlac.
Il s’adonne aussi au portrait et surtout à la nature morte où, tout comme dans ses paysages, il vise à une simplification du motif en limitant fortement les détails tout en conservant l’essentiel des
formes et des structures permettant une bonne compréhension du sujet et de la composition. Ses œuvres, marquées par des lignes nettes, dégagent souvent une certaine mélancolie.
Il s’éteint à Thônex en 1983, après une carrière riche et pleine de succès. L’artiste est aujourd’hui bien représenté dans la Collection du Crest qui compte douze de ses peintures. Actuellement absent des cimaises du musée, il est prévu que certaines de ses toiles intègrent le prochain accrochage prévu courant 2026.
Philippe Clerc, historien de l’art.
Ouvert les mercredis et samedis de 10h à 17h.
(sauf jours fériés)
Prix d’entrée :
CHF 10 (plein tarif)
CHF 6 (étudiants, AVS, AI)
Gratuit (enfants jusqu’à 10 ans)
Visites guidées sur réservation :
info@collectionducrest.ch
Route du Château-du-Crest 40, 1254 Jussy (Suisse)


Collection Du Crest
Un enrichissement continu
Si les visiteurs qui viennent découvrir la Collection du Crest, à Jussy, peuvent découvrir un peu plus d’une centaine d’œuvres, ils ne se doutent pas que d’autres merveilles attendent patiemment, dans ses réserves, d’être exposées.
Au moment de son ouverture déjà, en juin 2023, la Collection du Crest comptait plus de deux cents pièces au total, essentiellement des peintures à l’huile mais également des sculptures et quelques dessins. En constante évolution, elle n’a cessé depuis de s’étoffer, tant par le biais de nouvelles acquisitions auprès de maisons de vente aux enchères ou de galeries que par celui de donations faites par des visiteurs enthousiastes et généreux.
Parmi les nouvelles acquisitions figure notamment un petit paysage du peintre français Jean-Baptiste Camille Corot. Son Souvenir de Dardagny (ill. COROT) met en scène le couple Émilie et Armand Leleux se baladant dans la campagne genevoise ; tous deux artistes, ils sont eux aussi représentés dans la collection.
Achetée à Zurich, une grande toile d’Édouard Castres, les Montreurs d’ours (ill. CASTRES), présente un groupe de saltimbanques marchant dans la neige en compagnie de trois ours dressés.
D’Émile Bressler (1886-1966), une jeune femme vêtue d’une robe bleue et d’un chapeau des années trente, assise sur un lit, pose à côté d’un grand bouquet de fleurs ; en plus de son rôle décoratif, cette peinture, adjugée à Genève, est aussi représentative de la mode de son temps, de l’évolution de l’habillement et de la coiffure (ill. BRESSLER).
Par le biais d’un galeriste parisien, une collaboration entre Firmin Massot, Jacques-Laurent Agasse et Wolfgang-Adam Toepffer a aussi rejoint la partie plus ancienne de la collection. Réalisée à trois mains, elle synthétise le meilleur du talent de chacun d’eux. Le tableau représente le baron Henry Jean de Finguerlin avec son épouse Marguérite et leur fille.
Plus récemment, une vue du Léman a intégré à son tour la Collection du Crest. Exécutée par Stéphanie Guerzoni, elle rappelle la peinture de son maître et professeur, Ferdinand Hodler, dont elle fut par ailleurs l’une des biographes (ill. GUERZONI).
Trois collectionneurs privés ont aussi souhaité apporter leur contribution au musée en faisant don d’une ou plusieurs œuvres. L’un d’eux s’est même dessaisi d’une quarantaine de toiles au profit de la Collection du Crest. Représentatives de l’école genevoise de peinture dans la première moitié du XXe siècle, elles sont pour beaucoup le fruit du travail de membres de la Palette carougeoise, tous artistes amateurs ou professionnels. Parmi eux des René Guinand, plusieurs Émile Bressler – des paysages pour l’essentiel, deux Louis Salzmann ou encore un Eugène Martin. Si certains avaient déjà leur place à Jussy, de nouveaux arrivants ont aussi fait leur entrée, comblant ainsi diverses lacunes. C’est le cas de Louis-Paul Nyauld, Alexandre de Spengler ou Pierre Jaques (ill. JAQUES) pour n’en citer que quelques-uns.
L’accrochage actuel étant voué à changer d’ici deux à trois ans aux cimaises des salles d’exposition, ces œuvres pourront alors, à leur tour, profiter au public venu en visite. Au fil du temps, d’autres viendront certainement les y rejoindre. En attendant, toutes trouveront leur place dans le catalogue de la Collection du Crest en cours de rédaction.
Ouvert les mercredis et samedis de 10h à 17h.
(sauf jours fériés)
Prix d’entrée :
CHF 10 (plein tarif)
CHF 6 (étudiants, AVS, AI)
Gratuit (enfants jusqu’à 10 ans)
Visites guidées sur réservation :
info@collectionducrest.ch
Route du Château-du-Crest 40, 1254 Jussy (Suisse)


Collection Du Crest
Un musée à la campagne
Ouverte au public en juin 2023, la Collection du Crest offre
l’occasion de découvrir un ensemble unique de peintures et
de sculptures exécutées par des artistes de l’École genevoise
entre les XVIIe et XXe siècles.
Lorsque Jean-Louis Micheli rapporte chez lui, pour Noël
1946, un « Bois de Jussy » par le peintre Alexandre Calame,
son jeune fils Yves – alors âgé de dix ans à peine – ne
s’imagine pas encore l’impact qu’aura cette œuvre. Très vite,
il ressent l’envie de réunir des œuvres d’artistes genevois
et commence à en couvrir les murs du château familial. Il
déniche de véritables trésors auprès de maisons de ventes
aux enchères, de galeries ou même de collectionneurs
privés et rapidement, il commence à manquer de place.
Cette passion pour l’art l’entraîne ainsi, quelque soixante
ans plus tard, à créer un espace destiné à présenter plus
d’une centaine de peintures et de sculptures au sein d’un
musée aménagé par le bureau Charles Pictet & Baptiste
Broillet, architectes associés, donnant ainsi naissance à la
Collection du Crest.
De la main de maîtres aussi renommés que Jean-Etienne
Liotard, Jacques-Laurent Agasse, Ferdinand Hodler ou
Édouard Vallet, certaines œuvres voient aussi le jour dans
des ateliers d’artistes moins réputés mais de grand talent
également. Le dénominateur commun à cette grande
diversité de créateurs est leur contribution à l’essor de l’art
genevois et suisse, ainsi qu’à son rayonnement international
pour certains. Chacun entretient par ailleurs une relation
privilégiée avec la Cité de Calvin, qu’il y soit né, qu’il y ait
étudié ou passé une partie importante de sa carrière.
Présentée de façon chronologique, la collection retrace
l’histoire de l’art à Genève depuis le XVIIIe siècle jusqu’au
milieu du XXe siècle et s’articule essentiellement autour
du lac et des montagnes environnantes. Des vues de la
campagne genevoise ou du Léman – les plus nombreuses
– côtoient des scènes du Valais. La collection réunit aussi
un ensemble de scènes de genre, de figures et de nus, mais
aussi des natures mortes – parmi lesquelles un remarquable
Alice Bailly – ainsi que quelques sujets historiques.
Route du Château du Crest 40 – 1254 Jussy